(1639-1699)
Orphelin à trois ans, Jean Racine est éduqué à Port-Royal. Il devient l'ami de fils de grandes familles du royaume, relations qui lui seront fort utiles dans sa carrière.
Décidé à devenir auteur, Racine essaye vainement d'obtenir un bénéfice ecclésiastique pour assurer sa vie matérielle. Colbert lui fait pourtant obtenir une pension en 1664, qu'il conservera jusqu'à sa mort.
Racine est d'abord reconnu comme poète officiel.
En juin 1664 Molière accepte de jouer sa première tragédie : La Thébaïde ou Les Frères ennemis.
En 1665, il obtient le succès avec Alexandre le Grand, mais se brouille avec Molière en donnant sa pièce à l'Hôtel de Bourgogne, théâtre rival.
Racine défend le genre théâtral contre la position de l'Eglise et de Port-Royal en particulier, attaquant ainsi ses anciens maîtres.
Sa gloire réelle date du succès considérable d'Andromaque, en novembre 1667.
Avec Bérénice (1670), dédiée à Colbert, Racine obtient l'enthousiasme du public et triomphe devant Corneille (qui avait auparavant écrit Tite et Bérénice).
En 1673, il entre à l'Académie française, et devient Trésorier de France, à Moulins.
Phèdre est créée en 1677, et se trouve alors en rivalité avec une autre pièce, Phèdre et Hippolyte (d'un obscur poète, Pradon) que jouait le théâtre de Molière. Cette pièce, soutenue par le duc de Nevers et toute une cabale, rencontre d'abord le succès avant d'être rapidement supplantée par Phèdre, qui apparaît bien vite comme le grand chef-d'oeuvre de Racine. Pourtant celui-ci, très affecté par l'échec des premières représentations, abandonne le théâtre et retourne dans le sein de l'Eglise.
Très mondain, Racine est souvent détesté de ses confrères, qui lui reprochent aussi son allure de bon bourgeois, ses placements financiers, son désir de respectabilité.
En 1677, Racine accepte la charge (et l'honneur) d'écrire l'histoire officielle du Roi, charge qu'il partage avec Boileau. A 37 ans, Racine a cessé d'écrire pour le théâtre, n'écrivant plus que quelques livrets d'opéras pour le Roi. Mais il est l'auteur dramatique le plus joué et admiré, et ses oeuvres complètes paraissent dès 1687.
En 1689, Mme de Maintenon le convainc d'écrire une pièce édifiante pour ses jeunes protégées de Saint-Cyr. Esther est jouée à la Cour et obtient un immense succès, avant que les dévots ne reviennent à la charge et s'offusquent qu'on joue du théâtre au sein de l'Eglise. Athalie (1690), nouvelle commande de Saint-Cyr, n'y sera jamais jouée.
La même année, la tante de Racine devient abbesse de Port-Royal. Alors que l'abbaye est considérée comme le bastion du Jansénisme, Racine s'en fait le défenseur.
Il meurt le 21 avril 1699, et est enterré selon ses voeux à Port-Royal.
Les pièces de Racine sont jouées au Théâtre de l'Odéon tout au long de son histoire. Les dernières années ont accueilli :
- Andromaque, ms Jean-Louis Barrault en 1962-63, et ms Jean-Paul Roussillon, en 1973-74.
- Bajazet, ms Jean Gillibert, en 1973-74.
- Athalie, ms Roger Planchon, en 1980-81.
- Britannicus, ms Gildas Bourdet, en 1980-81.
- Esther, ms Françoise Seigner, en 1986-87.
- Phèdre, ms Luc Bondy, en 1998, et ms Patrice Chéreau, pour l'inauguration de l'installation de l'Odéon aux ateliers Berthier en 2003.