Am Königsweg
[Sur la voie royale]
d’Elfriede Jelinek
mise en scène Falk Richter
en allemand, surtitré en français
durée 3h30 (avec un entracte)
avec
Idil Baydar
Benny Claessens
Matti Krause
Anne Müller
Ilse Ritter
Tilman Strauß
Julia Wieninger
et Frank Willens
“Attention, place au nouveau roi!” La nuit même où Donald Trump était élu président des États-Unis, Elfriede Jelinek a entamé l’écriture de sa nouvelle œuvre. Mais Am Königsweg est très loin de se réduire à un règlement de comptes entre le “génie stable” du milliardaire américain et l’écrivaine autrichienne, prix Nobel de littérature 2004: elle est la pièce politique du moment. Peu importe le nom réel du dernier souverain en date, il porte ici assez de titres – il est le champion, le vainqueur, le guide, le triomphateur, le père, le mâle, le sauveur, le dieu. Il incarne une histoire millénaire: celle de l’autoritarisme, de l’exclusion, de la violence, de la haine agressive de toute pensée. D’où cette histoire nous revient-elle, se demande Jelinek avec une humble perplexité non dénuée d’autodérision, et comment ne l’avons-nous pas vue revenir, “alors même que des millions en ont crevé”? Dès le début du spectacle, elle fait son entrée en prophétesse aveugle, saignant de la bouche et des yeux, n’y voyant pas plus clair que Sa vulgaire Majesté, car tous sont également aveugles dans ce jeu de massacre qui tient du music-hall et du radio-crochet, du reality show obscène et du goûter d’anniversaire, du freak show foireux et du spectacle de marionnettes. Film gore, péplum trash, dessin animé à la gloire d’un super-Ubu aussi clownesque que terrifiant, la revue rageuse, poétique, burlesque d’Elfriede Jelinek est exaltée par la mise en scène baroque et provocatrice de Falk Richter.
Gore. Trash. Punk. Fun.
Poetical. Political. Histrionical.
Wild. Angry. Urgent. Jelinek.