Valère Novarina






L’Opérette imaginaire
mise en scène Valère Novarina


Le Vrai sang
mise en scène Valère Novarina


Valère Novarina
lecture par Guillaume Gallienne de la Comédie-Française


L’Envers de l’esprit
lecture par Valère Novarina


Pour Louis de Funès
par Dominique Pinon


Le Babil des classes dangereuses
par et avec Denis Podalydès


Qui touche la langue
touche le fond.

Valère Novarina


Chez Novarina, c’est comme si chaque mot devenait enfin un nom propre. Et ces noms propres forment «vivier» – le mot est de lui. Novarina y puise quand le besoin s’en fait sentir. Les mots ou les noms y vivent d’une vie tout à fait pareille à celle des poissons, passant en flèche, lançant un bref éclat et poursuivant leur nage dans les profondeurs où ils mutent, se dévorent entre eux, se multiplient obscurément.
Mais la langue de Novarina n’est pas que néologique : elle transporte avec elle, par tous ses flux organiques et littéraires, du corps et de l’histoire, intimes ou collectifs. Pour mieux dire, et pour commencer, elle fait corps – comme l’aliment fait et sculpte la bouche, car c’est la parole, dans ses intermittences (ouverture, occlusion), qui donne forme aux «muscles ronds fermant not’ tube», et à en croire la Lettre aux acteurs, la première question que le spectateur doit se poser face au plateau qu’habitent les créatures de Novarina n’est pas «Qu’est-ce qu’ils racontent ?» mais bien plutôt : «Qu’est-ce qu’ils mangent ? Ils se mangent ?» «Ma langue», précisait-il il y a déjà quelques années, «ma langue (que j’ai à désapprendre,  réapprendre et oublier tous les jours, que je n’ai jamais possédée), ce français qu’on dit parfois inaccentué, raisonneur et très  guindé, est une langue très invective, très germinative, très native, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Le français, c’est la plus belle langue du monde, parce que c’est à la fois du grec de cirque, du patois d’église, du latin arabesque, de l’anglais larvé, de l’argot de cour, du saxon éboulé, du batave d’oc, du doux-allemand, et de l’italien raccourci» («Chaos», in Le Théâtre des paroles).
Cette voix vitale et sans exemple, cette fermentation du français dévalant toutes ses pentes à la fois,  justifieraient à elles seules que Valère Novarina, après Howard Barker et Dimitris Dimitriadis, soit invité par l’Odéon-Théâtre de l’Europe à être l’auteur au coeur de notre saison. Il l’est à plus d’un titre. Cinq de ses textes sont inscrits à notre programme. Tout au long de l’année, plusieurs rendez-vous seront l’occasion de revenir sur différents aspects de son oeuvre. Dramaturge et poète, il travaille actuellement à un projet inédit, Le Vrai sang ; metteur en scène et peintre, il en dirigera la création à l’Odéon, en s’appuyant sur sa fidèle équipe de collaborateurs et une dizaine de grands solistes ; le texte sera publié chez P.O.L en janvier 2011.