Un Fil à la patte

de GEORGES FEYDEAU
mise en scène GEORGES LAVAUDANT
du 02 mars 2001 au 07 avril 2001
Théâtre de l'Odéon



avec Bouzid Allam, Gilles Arbona, Hervé Briaux, Natacha Cashman, Gilles Fisseau, Olga Grumberg, Jean-François Lapalus, Philippe Morier-Genoud, Fabien Orcier, Sylvie Orcier, Annie Perret, Eric Petitjean, Patrick Pineau, Agnès Pontier, Marie-Paule Trystram

Comment je suis devenu vaudevilliste ? C'est bien simple. Par paresse, tout simplement. Comment ! Cela vous étonne ? Vous ignorez donc que la paresse est la mère miraculeuse, féconde du travail. Et je dis miraculeuse, parce que le père est totalement inconnu.
Georges Feydeau

Feydeau, maître incontesté du rire, seigneur des boulevards, impressionnait ses contemporains les plus réticents. Le vaudeville avait beau passer, déjà en ce temps-là, pour un genre théâtral décadent, vulgaire et facile, Feydeau en usait avec une telle virtuosité qu'il en devenait presque effrayant, comme un vieux mage capable de déchaîner à volonté les convulsions de la violence comique.

Quel était donc son secret ? Peut-être tient-il à son profond sérieux, à son refus de toute complaisance, au soin maniaque qu'il apportait à son métier, à son sens de la noirceur que le rire peut côtoyer : la drôlerie de son théâtre est d'abord féroce. Sa vitesse et sa folie ne laissent au public aucun loisir de se retourner, le prenant pour ainsi dire à la gorge déployée. Personne n'a jonglé comme Feydeau avec la logique des situations-type du vaudeville, leurs impasses hystériques, leurs résolutions délirantes. Il possède à fond les thèmes et les figures imposés d'un art de la variation, où tout est d'abord affaire d'exécution et de rythme.

Ce théâtre-là a longtemps passé pour trop adulte ou trop enfantin. Dégénéré ou puéril, réactionnaire ou régressif. Trop léger, éventé, victime de sa propre efficacité. A éviter, en somme, comme l'adulte évite l'enfant qu'il fut. Mais Bergson savait de quelle lavaudant humanité ce théâtre était le reflet, et de quelle profondeur ce rire était l'écume : "il est, lui aussi, une mousse à base de sel. Comme la mousse, il pétille. C'est de la gaîté. Le philosophe qui en ramasse pour en goûter y trouvera d'ailleurs quelquefois, pour une petite quantité de matière, une certaine dose d'amertume".

Sous la direction de Georges Lavaudant, la troupe de l'Odéon va travailler à distiller la fraîcheur mordante de ce venin.

 

 

A lire :
Georges Feydeau : Théâtre Complet, Classiques Garnier, 1989.
Jacques Lorcey : Georges Feydeau, La Table Ronde, 1972.