Sophocle / Antigone


15 janvier 2013 2013

Salon Roger Blin, Odéon 6e

En présence de Jean-Louis Backès


Textes lus par Marie Dompnier. Traduction de Jean Grosjean


L’image d’Antigone exilée, qui court les routes pour guider son vieux père aveugle, apparaît dans d’autres pièces de Sophocle. Dans celle-ci, l’héroïne ne quitte pas sa ville. Mais le motif de la patrie, partout présent, se lie plus qu’ailleurs à la vision de l’exil. Étéocle et Polynice doivent régner en alternance. Polynice s’en va. Quand vient son tour, il se heurte à un refus ; son frère ne respecte pas le contrat. Polynice ne peut pas revenir dans sa ville. Il ne supporte pas de devoir vivre à l’étranger. Il organise l’expédition impie contre sa propre cité. Les deux frères se tuent réciproquement. Créon, leur oncle, qui leur succède, fait enterrer l’un et refuse à l’autre, à l’exilé, toute sépulture. Les significations de ce geste téméraire sont nombreuses et diverses ; il en est une qui compte : on refuse à Polynice le lieu auquel il a droit. Il lui faudra errer à jamais ; il n’entrera pas au pays des morts. Ce pays est une autre patrie ; on y retrouve le père et la mère. Pour Antigone, quitter la vie n’est pas un exil.
Jean-Louis Backès