La Double Inconstance
de Marivaux
mise en scène Galin Stoev
durée 2h
avec Léo Bahon, Maud Gripon, Aymeric Lecerf (en alternance avec) Thibault Vinçon, Thibaut Prigent, Jean-Christophe Quenon, Mélodie Richard, Clémentine Verdier
Arlequin et Sylvia s’aiment et ne veulent pas en démordre. Ce qui pose au Prince, lui-même épris de Sylvia, un problème qui semble insoluble, puisque tout recours à la force lui est interdit. Mais il est des violences plus douces et insidieuses que d’autres. L’amour est-il affaire d’alchimie, ou plutôt de chimie ? S’il est un inexplicable miracle, on ne saurait agir sur lui. Mais s’il existe une science du cœur humain, alors un manipulateur habile peut agir sur nos sentiments, en jouant du dosage subtil de quelques ingrédients fondamentaux. La belle Flaminia en est si bien persuadée qu’elle prédit au Prince le dénouement de l’intrigue qu’elle va conduire à son service... Les comédies de Marivaux font souvent songer à des expériences de physique. L’amour initial entre Arlequin et Sylvia est “pareil”, dit Galin Stoev, “à une souris blanche”. Une fois cette souris capturée, Flaminia peut la travailler au corps. Arrachés à leur milieu pastoral, retenus à la cour, les amoureux naïfs sont exposés à toutes les tentations corruptrices de la sensualité, de la vanité, de la nouveauté – bref, à toutes les interférences du social et de l’intime. Dès lors, “tout devient possible. Tout devient exploitable. Tout est permis”. À l’heure de retrouver la précision clinique du verbe et des situations de Marivaux, Galin Stoev ne se doutait pas que quelques mois plus tard, la mise en suspens de l’espace collectif allait devenir notre réalité, contraignant l’Odéon à reporter la programmation de son spectacle – et que cette fable pour temps de confinement où tous, finalement, se retrouvent captifs d’un même environnement réduit et hautement artificiel, nous tendrait un miroir aussi inquiétant : où est le vrai, où est le faux quand l’amour même est affaire de contrôle ?