Léonce et Léna
de GEORG BÜCHNER
mise en scène ANDRÉ ENGEL
du 27 septembre 2001 au 28 octobre 2001
Théâtre de l'Odéon
avec Bernard Ballet, Isabelle Carré, Evelyne Didi, Eric Elmosnino, Jacques Herlin, Jérôme Kircher, Lucien Marchal, Lisa Martino, Jacques Vincey
Il y a un mystère Léonce et Léna. Comment un auteur de vingt-deux ans a t-il pu passer du grand drâme historique qu'est La Mort de Danton à Léonce et Léna, chassé-croisé grotesque des habitants d'un minuscule royaume imaginaire ? Dans quel but un auteur aussi engagé politiquement, rédacteur de l'un des premiers pamphlets révolutionnaires de la gauche allemande, recherché par la police de sa patrie, contraint de se réfugier à l'étranger, s'est-il plu à improviser une bluette d'apparence aussi légère et à nous raconter comment Léonce, fils du roi de Popo, fait une fugue pour ne pas être contraint d'épouser Léna, princesse héritière du royaume de Pipi ?
Spécialiste du théâtre de langue allemande des deux derniers siècles - il a notamment monté Thomas Bernhard, Brecht, Grabbe, Hugo von Hoffmannsthal, Horvath, Kafka, Kleist, Wedekind, avant de présenter en 1998 sa superbe lecture de Woyzeck au Théâtre de Gennevilliers -, André Engel a toujours aimé le face-à-face avec des textes énigmatiques.
Soit donc une intrigue amoureuse relevée d'une pointe de mal du siècle à la Musset, agrémentée de quelques incidents à base de fuites, de déguisements et de rencontres de hasard. Soit par ailleurs un décor et des personnages de fantaisie, reflets absurdes d'un monde aliéné. Pour explorer à ses côtés la comédie parodique par laquelle Büchner règle en souriant ses comptes avec le romantisme, pour donner chair à des héros qui se traitent eux-mêmes de "mauvais calembours" ou de "livres sans lettres, rien qu'avec des points de suspension", tels des automates théâtraux prêts dès demain à "reprendre tout de zéro" et à "recommencer la plaisanterie", il a réuni une équipe d'acteurs dont l'acuité et la vivacité, l'intensité et la nerveuse intelligence donneront sa pleine mesure à "l'ironie de l'ironie" telle que l'entendait Büchner.
A lire...
Georg Büchner, traduction Jean-Louis Besson, Jean Jourdheuil, Bernard Lortholary: Oeuvres complètes, inédits et lettres, Le Seuil, 1988.
Georg Büchner, traduction Arthur Adamov / Marthe Robert : Théâtre complet, L'Arche, 1993.
Jean-Christophe Bailly : Le 20 janvier, Christian Bourgois, 1980.
Jean Duvignaud : Georg Büchner, L'Arche, 1954.