La Petite Catherine de Heilbronn
d'HEINRICH VON KLEIST
mise en scène ANDRÉ ENGEL
du 10 janvier 2008 au 23 février 2008
Ateliers Berthier
avec Bérangère Bonvoisin, Evelyne Didi, Jean-Claude Jay, Jérôme Kircher, Gilles Kneusé, Arnaud Lechien, Anna Mouglalis, Tom Novembre, Julie-Marie Parmentier, Fred Ulysse
Une histoire impossible. Un défi à la mesure d'André Engel et de certains des comédiens qui le suivent depuis Léonce et Léna, Le Jugement dernier ou Le Roi Lear.
Ces cinq actes-là tiennent un peu de tous les genres : feuilleton amoureux à rebondissements, La Petite Catherine est aussi à certains égards une chronique médiévale, un conte fantastique, un roman policier, une légende de cape et d'épée, un mythe intemporel, un poème mystique, une ballade populaire.
L'intrigue est folle : pourquoi la petite Catherine a-t-elle un jour tout quitté pour suivre comme une somnambule le Comte von Strahl? Comment la fille d'un simple armurier peut-elle prétendre épouser un aussi noble chevalier ? Et pourtant cela doit être. Mais pour que l'homme et la femme, ces deux pièces d'un puzzle onirique, puissent se rejoindre, c'est tout un monde qui devra être traversé. Et qui le sera - comme s'il n'en fallait pas moins pour réinventer Ève et Adam.
La Petite Catherine de Heilbronn ou "L’épreuve du feu" : pourquoi Heinrich von Kleist a-t-il donné à sa pièce ce sous-titre un peu énigmatique ? Pourquoi est-il obsédé par le jugement de Dieu, qui apparaît en plusieurs endroits de son oeuvre (et tout particulièrement dans Le Duel, une nouvelle où le motif est porté à une sorte de point de perfection) ? Sans doute parce que l’ordalie est le signe visible de l’intervention de l’absolu dans les affaires d’ici-bas. Une folie, mais aussi un transcendant trait de foudre qui déchire souverainement la finitude du monde kantien – ce monde déserté de Dieu et de toute certitude dont la découverte désespéra quelque temps le jeune Kleist. Un monde qui, selon lui, a pour loi première le conflit. Dans la plupart de ses nouvelles et de ses drames, la guerre fait partie du cours naturel des choses : dans La Petite Catherine comme dans Le Prince de Hombourg, La Bataille d’Hermann, Penthésilée, Michael Kohlhaas ou Le Duel (entre autres), la justice des hommes, au même titre que leurs autres désirs, se fraie passionnément un chemin dans le sang. C’est au sein de ce monde convulsé que l’épreuve du feu intervient, révélant une vérité impensable mais dont le réel, dans sa banalité et sa brutalité quotidiennes, devra pourtant s’accommoder.