Dämonen [Démons]
de Lars Norén
mise en scène Thomas Ostermeier
du 03 décembre 2010 au 11 décembre 2010
Théâtre de l'Odéon
avec Lars Eidinger, Brigitte Hobmeier, Eva Meckbach, Tilman Strauß
Je suis si heureuse… Laisse-moi pleurer.
Lars Norén
En invitant les voisins du dessous – Jenna, qui a l’âge de Katarina, et Tomas, qui a un an de moins que Frank – pour en faire les spectateurs, les complices, les victimes horrifiées ou consentantes, d’un règlement de comptes sans fin, sans espoir, toujours plus incohérent et à l’humour toujours plus noir à mesure que l’alcool imprègne les esprits… Jenna, la mère si prudente qu’elle laisse le téléphone décroché auprès de son fils qui dort quelques étages plus bas, ne peut encore se douter – pas plus que les spectateurs – à quels extrêmes cette dérive d’un soir va tous les conduire : à mesure que s’affolent les jeux cruels de la séduction tandis qu’états de conscience et d’inconscience achèvent de se confondre, on sent que la démence se met à poindre sous l’ivresse, mais qu’elle révèle peut-être, par-delà toutes les transgressions, une confondante sincérité.
Avec ce nouvel huis-clos nordique, digne successeur du John Gabriel Borkman qu’il fit applaudir à l’Odéon en avril 2009, Thomas Ostermeier poursuit son implacable exploration des malaises du couple. L’action, située dans «un appartement en ville» scrupuleusement restitué par le directeur artistique de la Schaubühne, se déroule au début des années 80. Ostermeier lui a donné quelques touches plus contemporaines en s’appuyant sur le jeu moderne, très «berlinois», de ses interprètes. Un remarquable quatuor de comédiens, unanimement salué par la presse allemande, se partage l’affiche de ce saisissant jeu de massacre vaudevillesque, sorte de remake extrême de Qui a peur de Virginia Woolf ? (certains clins d’oeil sont trop explicites pour laisser place au doute) au pays de Strindberg et de Bergman, composé par Lars Norén en 1983.
à lire Démons de Lars Norén, texte français de Louis-Charles Sirjacq en collaboration avec Per Nygren, L’Arche, 1994