(1948-1989)
Patrice Chéreau fait découvrir Bernard-Marie Koltès au grand public en 1983 avec sa création de Combats de nègre et de chiens (écrit en 1979). Il sera son principal metteur en scène français jusqu'à la mort de Koltès en 1989. Depuis cette date ses pièces sont constamment mises en scène en France, et même régulièrement travaillées au Conservatoire. Dans les années 90, Koltès est devenu un classique du répertoire contemporain. Seuls six textes ont été publiés de son vivant. Koltès a renié ses sept premières pièces "de jeunesse", qu'il avait mises en scène avec ses camarades de l'école du TNS (de 1971 à 1974).
En 1977, après trois ans de rupture avec le théâtre, il revient avec un monologue, La Nuit juste avant les forêts, mis en scène par l'auteur en " off " au festival d'Avignon. A partir de 1985 Koltès est publié aux Editions de Minuit. La reconnaissance de Koltès en France est en fait occultée par le renom de Patrice Chéreau : la critique parle plus des mises en scène que des textes. Il est vrai que Chéreau a créé les pièces de Koltès au fur et à mesure de leur écriture, leur offrant un succès immédiat, en particulier à l'étranger.
Les pièces de Koltès sont extrêmement construites, racontent une histoire et, selon Koltès lui-même, évoquent les unités classiques. Ses pièces peuvent être qualifiées de fables, mais ne sont pas des paraboles, et encore moins des textes à portée sociologique. Ses scènes sont des " métaphores du monde ", non de groupes sociaux. Ainsi Roberto Zucco, qui part d'un fait divers récent, est plus une reconstruction mythique qu'une considération sociale. Les mots eux-mêmes sont énigmatiques, comme si les personnages cherchaient à se cacher, à éviter le réel, ses conflits, sa violence, à "gagner du temps". Il n'y pas de dialogue possible, il n'y a qu'un état de guerre permanent.
Koltès n'est plus aujourd'hui uniquement un "auteur", il est d'abord un écrivain, un "de ceux qui inventent des formes pour imposer leur regard sur le monde". Koltès a aujourd'hui des lecteurs, non seulement un public averti.
A l'Odéon :
- La nuit juste avant les forêts, dans la mise en scène de Jean-Luc Boutté, au Petit Odéon (1981).
- Dans la solitude des champs de coton a été créé à l'Odéon (hors les murs, à La Manufacture des Oeillets d'Ivry sur Seine) dans la mise en scène de Patrice Chéreau (1995).
- Isaac de Bankolé a présenté Koltès sous le regard de l'autre (Tabataba), au Petit Odéon (1996)