Coup de feu et début de la 13ème édition d’Adolescence et territoire(s) !
Après un premier week-end de travail qui a permis aux 19 adolescent.e.s de faire connaissance les samedi 14 et dimanche 15 décembre 2024 au T2G de Gennevilliers, l’aventure s’est poursuivie lors d’un stage à l’Espace 1789 de Saint-Ouen du 30 décembre 2024 au 4 janvier 2025.
Juliette Navis et Romain Guion ont proposé un riche travail d'improvisations théâtrale et corporelle qui permet désormais à Juliette d'envisager de proposer aux artistes, à l'occasion de leur prochain rendez-vous, une première trame d'écriture.
Afin de rendre compte de cette semaine écoulée, nous avons demandé à trois participant.e.s de raconter à leur manière ces quatre jours de travail intense.
Léonard, Anaïs et Lison ont souhaité témoigner.
Léonard Dusseau, 17 ans, Paris
« J’ai beaucoup aimé cette semaine de stage. Je suis extrêmement content de faire partie de ce projet et je ne suis pas déçu par rapport à mes attentes. Le groupe est vraiment très agréable et je trouve qu’on arrive vraiment bien à travailler ensemble. De plus, je trouve que l’encadrement, du côté administratif ou artistique, est vraiment bienveillant. Les encadrants.tes sont là pour nous rassurer, nous aiguiller et nous aider ce qui est extrêmement agréable en vue d’un projet aussi important. Pour rentrer plus dans les détails artistiques, je trouve que les propositions d’angles de travail de la part de Romain et Juliette sont très pertinents et intéressants. Je trouve leurs retours sur nos improvisations très judicieux et cela m’aide énormément et m’éclaire beaucoup sur mon travail personnel pour la suite ou sur la continuité du projet. J’ai très hâte de voir la forme finale de notre travail et de pouvoir le présenter sur scène. »
Anaïs Le Bouler, 17 ans, Saint-Ouen / Paris
La colère au plateau
J'étends ma peau jusqu'aux bouts de mes doigts
Une étincelle brûlante parcourt sa surface
Et prend son envol avec tant de grâce
Qu'elle suspend l'instant, le souffle, les pas
Et soudain le tumulte de bruits sourds
Hurle la rage le troupeau de tambours
Crie le désespoir de l'existence
Résonne contre les murs du silence
La colère transperce tout mon être
Le fait vibrer de mes pieds à ma tête
Comme la peau des percussions
La mienne frémit en rythme sur la chanson
Je me défoule, tout est chaos
Le plancher grince de nos sauts
Qui élèvent nos mots au plus haut
Du cœur des autres
Je me défoule, tout est chaos
Ils m'ont lâchée de ma chaîne
On saute ensemble ça en vaut la peine
C'est beau la colère au plateau
30 janvier, Anaïs Le Bouler
Les racines des platanes
Après le passage de l'automne à l'hiver
Où les platanes s'assèchent dans le vent
Les pas-sages étendent leurs bras craquants
Leurs branches s'insinuent entre les murs de pierre
La vie reprend ses droits sur scène
À vif sans prendre compte des limites de l'espace
De mystérieux buissons fleurissent
Des nies de questions posées dans le silence
Des racines me relèvent du sol
Elles s'entremêlent mais jamais en prison
Elles forment une structure molle
Mais forte et douce sur laquelle pousse une sorte de maison
31 janvier, Anaïs Le Bouler
Addict
Partie 1 - Rush
Les émotions s'entrechoquent.
Elles s'écrasent et se foutent en boules,
Coincées dans ma poitrine,
Entre mes côtes, entre mes tripes ;
Elles s'accrochent, elles étendent leurs racines.
Mes poumons prennent de l'allure
Depuis que l'air est devenu lourd,
Petit à petit ma tête me tourne ;
Je m'emprisonne dans une bulle.
Tout est sourd.
Tout explose. En silence.
Je ne vois que le noir fixe
Derrière mes paupières,
Mais en moi c'est l'apocalypse.
Des soleils de lave se déversent,
Se pressent dans mes veines
Ouvertes à vif.
Un courant électrique
Me pète les os
Me grille la cage thoracique
Mes pupilles sont voilées de bordeaux.
Un cratère s'écarte et me bouffe
Toute entière depuis l'intérieur de ma chair,
Crépite et croque ma corne
Et pique la gorge au goût de fer.
Ma salive s'empoisonne
Du venin bloqué dans ma bouche,
Des braises claquent contre mes dents,
Je sens un parfum de sang dans l'air,
J'ai avalé cent épines,
Je me mords les mains mais
Il ne reste que des grosses griffes
Accrochées à mon cœur battant.
Partie 2 - Withdrawal
Je suis nue.
Mes sentiments aux bords de mes lèvres.
Comment être autre chose après ?
J'étais là tout sur scène comme je ne l'étais jamais.
Un claquement de doigts et retour au monde réel.
Comment est-ce que ça existe 'autre part' ?
Comment est-ce que je peux aller autre part ?
Je ne veux pas.
Comment suis-je sortie hors de ces murs noirs ?
Comment ai-je gravi ces volcans bouillant de nos carcasses ?
Tous les problèmes reviennent en pleine face.
Pas le temps de se tenir droit.
C'est ça le théâtre ?
De tout ce qu'on me donne, je n'en laisserai pas une miette.
3 janvier, Anaïs Le Bouler
Un coup d'aile
Tourne et retourne les mots en boucles
L'adrénaline me dresse l'échine
Je saute, tout est flou
Je plane côté cour
Je croise des regards
Je ne sais plus ce qu'il y a en moi
Soudainement je suis transparente
Et il n'y a rien à voir
Je n'ai plus de peau
Je n'ai plus de mots
Je n'ai plus rien à crier
Qu'un petit souffle saccadé
Je déroule de grosses pelotes
Qui ne sont plus si impressionnantes
Elles partent en pirouettes
Et finissent titubantes
Je ne veux pas être décevante
Étiquetée insuffisante
Alors je donne toute parcelle de mon être
Pour me transformer en monstre
Je mute en une vague dans l'océan
Je retire ma peau de gens
Je donne un coup d'aile et je saute dans le vent
Pour incarner au mieux cette nuée en élan
Un gros monstre d'émotion
Un être pas humain, inconnu
Content puis méchant
Bouillonnant puis crevant
En silence puis criant
Un gros monstre en désarticulation
Se lavant de toute pensée ou raison
J'organise uniquement mon action
Je fais attention
Aux autres oiseaux
On ira ensemble au-delà de l'horizon
Tu verras ensemble ce sera si beau
4 janvier, Anaïs Le Bouler
Lison Lenormand, 15 ans, Paris