Baal


November 10 2000 to November 19 2000
Ateliers Berthier - Petite Salle

Brecht Bertolt


Trois jeunesses - celles d'un auteur, d'un interprète, d'un metteur en scène - se sont croisées pour donner naissance à ce spectacle d'une sobriété et d'une force radicales. Quand il achève sa première pièce, qui lui vaudra peu après le prix Büchner, Brecht n'a que dix-neuf ans. Arpad Schilling en a vingt-six. Il a fondé sa propre compagnie alors qu'il entrait à l'Ecole Supérieure des Arts Dramatiques et Cinématographiques de Budapest. Les études y durant cinq ans, Schilling n'en sortira que dans le courant de l'année - mais cet " étudiant "-là a vu cinq de ses mises en scène à l'affiche de la capitale hongroise dans le seul courant de l'automne 1999, et sera accueilli l'an prochain en Avignon. Invité l'an dernier au Festival de l'Union des Théâtres de l'Europe à Strasbourg, Le Baal qu'il a dirigé s'accorde pleinement à la sauvagerie rimbaldienne du jeune Brecht, au désespoir ivre et cynique de son héros. Viktor Bodo en donne une interprétation extraordinaire, touchant d'emblée à l'un des grands rôles de sa vie - ce que l'on appelle banalement une " rencontre " entre comédien et personnage apparaît ici avec une éclatante évidence. Mais ce sont tous les acteurs de la distribution qui se livrent sans réserve à un corps-à-corps avec ce premier chef-d'oeuvre : " Baal, explique Schilling, nous paraissait un tel monstre qu'on a voulu le vaincre ensemble dans l'enthousiasme ".

Baal guigne vers le ciel les plus gras des vautours, qui guettent dans le ciel le cadavre de Baal. Parfois il fait le mort. Un vautour fond dessus. Et Baal, muet, mange un vautour pour son dîner.
Brecht : Le choral du grand Baal (extrait), tr. Guillevic


A lire :
Bertolt Brecht : Baal, tr. Guillevic, Paris, éd. de l'Arche, 1956.
Bernard Dort : Lectures de Brecht, Paris, éd. du Seuil, 1960